Aminatou Haidar, militante sahraouie pour les droits de l'Homme, a appelé la communauté internationale à "agir sans perdre de temps" pour permettre la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental occupé par le Maroc, affirmant que les Nations unies, l'Europe, en particulier la France et l'Espagne, avaient une responsabilité pour "éviter" tout conflit dans la région, dans une interview à l'AFP, publiée mardi.
La militante sahraouie de 52 ans, qui doit recevoir mercredi à Stockholm l'une des distinctions les plus prestigieuses dans le domaine des droits de l'Homme, le Prix Right Livelihood, aussi connu comme le "Prix Nobel alternatif", a déploré que les résolutions de l'Onu et les décisions de justice en faveur du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui ne soient pas appliquées.
"C'est à cause de la complicité de quelques puissances internationales", a-t-elle dénoncé, en faisant référence principalement à l'Espagne et la France.
"Sans l'appui de l'Europe, le Maroc ne peut pas piller, exploiter les ressources naturelles. Il ne peut pas continuer aussi son occupation et nier toutes les résolutions du Conseil de sécurité", a-t-elle souligné.
Elle a donc appelé à "agir sans perdre de temps", affirmant que les Nations unies, l'Europe, en particulier la France et l'Espagne, avaient une responsabilité pour "éviter" tout conflit dans la région.
Mme Haidar, qui a lancé cet appel pressant avant de recevoir le prix Right Livelihood, souvent comparé au Prix Nobel pour les droits de l'Homme, a regretté qu'après tant d'années, les revendications pacifiques du peuple sahraoui pour la justice, la dignité et l'autodétermination aient été ignorées par le Maroc et ses soutiens.
Elle a, dans ce contexte, demandé lundi à Stockholm, aux organisations internationales et à l'ensemble de la société civile européenne de se mobiliser pour mettre fin aux graves violations des droits de l'Homme commises par les autorités marocaines dans les territoires occupés du Sahara occidental.
"La cause sahraouie est la responsabilité de tous ceux qui luttent pour la paix et la justice", a-t-elle déclaré, lors d'une conférence organisée par Emmauss et le Comité de soutien du peuple sahraoui, en coordination avec d'autres organisations suédoises.
Lors de son discours, Mme Haidar a transmis au public une image détaillée de la situation dégradante dans les territoires occupés du Sahara occidental, ajoutant que "malheureusement, l'opinion publique européenne n'est pas au courant de la situation sur le dernier territoire en cours de décolonisation en Afrique". La militante de renommée internationale a également évoqué le blocus imposé aux médias.
Abordant le rôle de l'Union européenne et son implication dans la recherche d'une solution définitive au conflit au Sahara occidental, Mme Haidar a souligné la position "négative" de certains gouvernements du continent européen et leur soutien aux "politiques expansionnistes du régime d'occupation marocain".
"La France et l'Espagne sont devenues un obstacle au processus de paix et au respect du droit international", a dénoncé la présidente de l'Association des défenseurs des droits de l'Homme des Sahraouis (CODESA).
Le Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, a été occupé par le Maroc en 1975, avec le soutien de la France, après le retrait de l'Espagne, puissance coloniale.