L’Algérie vient de créer un département dédié spécifiquement au développement de l’agriculture Saharienne devenue, en quelques années, une importante aire de production de cultures de primeurs.
Pour le professeur et chercheur en agronomie, Ali Daoudi, cette structure arrive à point nommé pour « mettre de l'ordre », dans la pratique des activités agricoles développées dans cette vaste région du pays, riche en potentiels mais confrontée à de sérieux risques.
Accueilli mardi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, celui-ci estime que si il faut continuer à promouvoir l'agriculture dans cette vaste région du pays, il n'en faudrait pas moins s'interesser à ses limites, compte tenu, dit-il, de la fragilité du milieu et des conditions climatiques extrêmes où elle est pratiquée.
Parmi les importantes mesures à entreprendre, celui-ci insiste sur l’impératif de maitriser les ressources disponibles et d’évaluer les limites de leur exploitation.
Si, rappelle-t-il, par exemple, la nappe hydrique dans ces régions est importante, il faut prendre en considération les limites dans lesquelles elle devrait être exploitée rationnellement, afin de permettre son exploitation sur le long terme.
Si, relève-t-il, on a « déverrouillé » l’accès au foncier et à l’eau, pour promouvoir les pratiques agricoles, il est également vital de « construire une vision » permettant d’inclure l’agriculture Saharienne dans le cadre d’une stratégie sur le long terme.
Signalant que des études relatives au Sahara Algérien font mention d’environ 3 millions de superficies agricoles pouvant être exploités, , M. Ali Daoudi considère, en effet, qu’avant de s’intéresser à la mise en valeur de ces dernières, il faut préalablement prendre en compte l’aspect relatif à la mise en valeur de l’eau, d’où la nécessité, souligne-t-il, de « mettre en cohérence ces deux politiques ». Autant de questions dont il estime qu’elles devraient donner matière a études.
Mettant en garde contre le laisser-faire qui s'est perpétué à ce jour,, l’invité prévient que certaine nappes hydriques commencent à se fragiliser, en raison, explique-t-il, de leur exploitation déraisonnée, d’où l’urgence, souligne-t-il, à mieux organiser leur « gouvernance » pour prévenir leur total épuisement.
Pour éviter de possibles catastrophes, ce chercheur appelle à prendre exemple sur l’ingénieux modèle oasien de gestion de l’eau, pratiqué depuis des temps immémoriaux par les agriculteurs Sahariens.
Au passage, il alerte, par ailleurs, sur les dangers que fait courir l’agriculture intensive sur les ressources en eau utilisé dans les oasis, laquelle, prévient-il, en se développant sur de nouveaux périmètres, pénalise les anciens systèmes d’irrigation, « programmant leur mort ».
Citant l’exemple des modèles « édifiants » de cultures maraichères intensives développés dans les régions de Birkra et d’El Oued, en particulier, l’invité se demande s’ils sont durables, « une question qui reste posée ».