Le Royaume du Maroc doit rendre des comptes concernant l'occupation illégale des territoires sahraouis et des violations qu'il commet contre les civils, a déclaré l’ambassadeur représentant permanent de l’Algérie auprès de l'Office des Nations unies, à Genève, en réaction à des accusations émises par son homologue marocain contre l'Algérie.
"Le Royaume du Maroc doit rendre des comptes de l'occupation illégale (des territoires sahraouis) depuis plus de quatre décennies et des violations qu'il commet à l'endroit des civils sahraouis", a assuré l'ambassadeur algérien en réponse aux déclarations faites par son homologue marocain qui a accusé l'Algérie d'être "l’unique instigateur" derrière le récent message en faveur du peuple sahraoui, adressé par le Groupe de soutien de Genève au peuple du Sahara occidental, au Conseil des droits de l'Homme (CDH) des Nations unies.
"La délégation algérienne n'avait pas l'intention d'exercer son droit de réponse si ce n'était l'intervention de l'ambassadeur du Royaume du Maroc, unique monarchie de droit divin dans le monde, qui considère qu'elle ne peut faire l'objet de critiques et qui n'a pas de comptes à rendre à ses citoyens ou à la communauté internationale", a signalé l'ambassadeur algérien.
Il a précisé, à ce propos, que le Groupe de soutien de Genève au peuple du Sahara occidental avait tout à fait le droit de critiquer la politique marocaine dans le contexte d'un forum de droits de l'Homme.
Le représentant de l'Algérie a rappelé que "la proclamation du cessez-le-feu en 1991 devait être suivie de l'organisation du referendum (d'autodétermination au Sahara occidental), comme le prévoyait le plan de règlement des Nations Unies entre les deux parties : le Front Polisario et le Royaume du Maroc".
"A ce jour, cette perspective est entravée par la puissance occupante, le Royaume du Maroc qui bafoue avec la complicité silencieuse et l'inertie de certains Etats, la légalité internationale, le droit international et les droits de l'Homme", déplore le représentant de l'Algérie.
Le Maroc, a-t-il relevé "tente de valider le fait accompli de l'occupation du territoire, fait une présentation idyllique de l'occupation et dénie même le droit à la représentativité du Front Polisario qui a échangé avec lui des prisonniers de guerre, mené des rounds de négociations et maintient même (peut-être que M.
l'ambassadeur ne le sait pas) ici, à Genève, des canaux de communication".
"Ni la Cour Internationale de Justice, ni la Cour Européenne n'ont reconnu le territoire du Sahara occidental comme partie intégrante du Royaume du Maroc, mais comme un territoire distinct et demain, au Luxembourg, se tiendra une nouvelle audience sur la validité de l'accord d'association et de pèche et nous ne sommes pas inquiets quant à l'issue la décision", poursuit l'ambassadeur algérien.
"La Déclaration du Groupe de soutien engage 13 Etats, ma délégation s'interroge sur la fixation du Royaume du Maroc sur mon pays", conclut-il.
Le Groupe de Soutien de Genève pour le Sahara occidental avait appelé, lundi, le Conseil des droits de l'Homme (CDH) des Nations unies à envoyer une mission d'observation dans les territoires sahraouis occupés afin d'enquêter sur la situation sur place, exprimant son inquiétude quant aux "atteintes aux droits humains" commises par les autorités d'occupation marocaines.
"Nous attirons l'attention sur le fait qu'un nombre important de civils sahraouis, de défenseurs des droits de l'Homme connus et de journalistes indépendants sont victimes de harcèlement, d'étroite surveillance, d'arrestations et de détentions arbitraires depuis la reprise du conflit armé", a également signalé le Groupe de Genève dans sa lettre.
Il a déploré, en outre, que "l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental se poursuit toujours favorisée par la reprise du conflit armé".